Après la seconde guerre mondiale des dizaines d’hommes transportent sur leur dos des sacs remplis de terre et de moellons vers les ruines du château où subsistent toujours quelques pans de murs. C’est là qu’André Gianton, le maire de l’époque, avec le concours de Jean Gastaud, père du Jardin exotique de Monaco, a décidé de créer un jardin exotique.
Le site est bien abrité des vents du nord par le plateau de la Revère et sa déclivité assure un drainage efficace. Car il s’agit d’implanter ici des plantes adaptées à la sécheresse : des cactus, des agaves, des aloès…
Sur les photos de l’époque les parterres sont parsemés de jeunes coussins de belle-mère, certains sont encore dans leur pot, entourés d’euphorbes juvéniles. Il s’agit d’une véritable gageure et d’un pari sur l’avenir. Devant le succès d’une telle initiative cette première phase d’aménagement fut bientôt suivie d’une seconde.
Les ruines au sommet du jardin nous rappellent que l’histoire du château est intimement liée à celle du village. Objet de convoitises, les populations s’y succèdent depuis l’Âge du Fer. Son histoire peut être résumée en quelques étapes. Dès l’Âge du Fer, vers 220 av. J.-C., les populations locales s’abritent sur le rocher d’Eze. Quelques fragments de murailles élevées en appareil cyclopéen dans le village témoignent de cette occupation précoce. Les Ezasques édifièrent leurs habitations sous cette forteresse à l’écart de la voie d’accès. Le château fut bâti dans la seconde partie du XIIe siècle par la famille d’Eze. Pour le garder, les comtes de Provence puis les ducs de Savoie s’appuyaient sur des officiers valeureux et d’expérience appelés « les Castellans ».
Ces derniers étaient nommés pour un an. Ils prêtaient le serment de l’entretenir et d’empêcher qu’il soit pris par l’ennemi.
En 1706, pendant la guerre de Succession d’Espagne, Louis XIV ordonna la destruction du château sur les recommandations du ministre de la guerre : » Monsieur, le roi ayant vu ce que vous mandez de la situation du château d’Eze qui appartient en propre à Monsieur le duc de Savoie, et est précisément sur le chemin de Villefranche à Monaco et qu’il pourrait interrompre cette communication, S.M. qui n’a rien à ménager avec ce prince, m’a ordonné de vous faire savoir qu’elle désire que vous fassiez raser ce château, afin de pouvoir conserver cette communication ».
A la Belle Epoque, les ruines du château sont l’objet de visites des premiers touristes qui viennent profiter.